Maria et Adèle

Publié le par alf

Elle a traversé le siècle, Maria Altmann. Cette vieille dame très noble est la nièce d’Adèle. Adèle Bloch-Bauer. En 1987, j’avais vu l’expo Schiele aux Palais des Beaux-Arts de Charleroi dans le cadre d’Europalia Autriche. J’en étais revenu avec, entre autres, le portrait… d’Adèle. En poster.

Un des portraits les plus connus peints par Gustav Klimt.

Un visage féminin, une certaine image de la sensualité, de la décadence bourgeoise aussi. J’étais sous le charme de la Secession viennoise. Et Adèle allait me lancer des œillades pendant quelques années, punaisée au mur de ma chambre. Une des toiles de Klimt les plus reproduites sans doute à travers le monde, en cartes postales, magnets et autres supports. J’étais loin de me douter de la face cachée de ce tableau.

Ce dimanche matin sur la 5, je découvre la beauté fanée de Maria. Elle nous raconte Adèle, sa tante et Adèle, le portrait. Derrière les atours de la richesse, de l’élégance, de l’érotisme latent du tableau, c’est l’histoire tragique d’une famille bourgeoise - certes -, mais juive, à Vienne dans les années 20, 30 et 40 que l’on nous dépeint. Le bonheur, puis la montée de l’horreur, l’Anschluss, la haine, la violence, la fuite des uns, le suicide de nombreux proches. Puis Liverpool, terre d’accueil avant l’Amérique.

Depuis 1998, l’Etat autrichien, qui en était « dépositaire », refusait de rendre 5 tableaux, volés par les nazis à la famille du riche industriel viennois Ferdinand Bloch. Après la guerre, on avait rendu les effets volés aux juifs… Donc aux Bloch-Bauer. Sauf les 5 tableaux de Klimt. Ben tiens. L’Etat autrichien vient d’être condamné à restituer ceux-ci aux descendants de l’hégérie du peintre.

Mais Adèle ne rejoindra pas Maria. Celle-ci a en effet choisi de laisser les tableaux à disposition des yeux, des cœurs et des mémoires de ses anciens citoyens.

Publié dans vu-à-la-télé'land

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