Sur les traces de Cosey

Cosey… au Pays Noir. L’adepte des cimes enneigées se voit consacrer par une exposition rétrospective à Charleroi, pays de terrils, hier encore haut lieu de l’industrie du charbon. Mais qu’est-ce donc qu’une planche de bande dessinée si ce n’est un peu de noir sur du blanc? Ou l’inverse. Ce qui répond parfaitement au profil de cet auteur, que l’on aurait tendance à situer entre la ligne claire de Hergé et les pleins et déliés d’Hugo Pratt.

La mise en scène de cette « Aventure intérieure » - aux cimaises du Palais des beaux-arts jusqu’au 16 avril - est pour le moins… monacale. Winston Spriet, le scénographe, aurait-il été trop imprégné par l’ambiance bouddhiste qui traverse les histoires du Suisse aux yeux bleus? Dommage.

Subdivisée en sept salles, l’expo aborde l’oeuvre sous l’angle des thématiques récurrentes, tant au niveau graphique - ce blanc creusé par la trace, ce noir, clair-obscur imprégné de subtiles tensions - que scénaristique: l’utopie de la rencontre, le fracas du monde, la mémoire des êtres, des peuples, des émotions, etc.

Pour celui qui connaît le travail de Cosey et qui apprécie ses histoires et son trait… à vrai dire peu importe. Même si l’on aurait aimé voir des croquis, des esquisses, des tentatives « hors-pistes ». Elles doivent exister, comme chez tout auteur. Mais peut-être Cosey préfère-t-il les conserver secrètes…

J’aurais aimé préciser toutes les raisons personnelles qui rendent ce travail si cher à mes yeux. Mais je bloque devant la page… blanche. Car elles le sont trop… personnelles, justement. Je dirai seulement le plaisir de voir ces planches originales, de sentir les traits de plume, de pinceau; de ces effluves d’encre de chine qui vous montent aux narines en contemplant les contre-jour sculptés dans la lumière du papier. Et si je suis moins convaincu par l’encrage volontairement dépouillé pratiqué depuis quelques albums, j’ajouterai aussi ce sens magistral du découpage des planches.

L’expo se termine sur les agrandissements hors norme de certaines cases (trois mètres sur trois!) : hallucinant d’efficacité et de beauté.

Infos: http://www.cosey-charleroi.be