A quoi ça sert, un président de la République?

Publié le par alf

La scène est irréelle. Chirac entouré d’un mur de types de la sécurité du ministère de l‘intérieur, eux-mêmes entourés d’un autre mur de policiers. Au bas mot, 100 types autour du président et de sa cour. Faut dire, côté murs, ils en connaissent un bout en Israël. La scène se passait il y a presque 12 ans, en 1996. Le président français en visite officielle à Jésuralem avait souhaité visité la partie Est de la ville, occupée par les Palestiniens. Sans tout le tin-touin sécuritaire habituel, avait-il demandé. Pour « rencontrer la population ».

Pour l’heure, c’était raté. Le voilà, accompagné de quelques huiles de la diplomatie française et suivi par une troupe de journalistes parisiens, dévalant tant bien que peu, les ruelles - quasi désertes - de la vieille ville. Enfermé dans un nid de type armés, oreillette en éveil, doigt sur la gâchette. Pas moyen d’avancer, bousculade du président, des journalistes. Et pas un Palestinien à l’horizon ou presque. Mais Chirac, lui, il veut serrer des pinces, regarder droit dans les yeux ces gens qui vivent sur cette Terre, leur montrer qu’il veut les aider, « faire quelque chose ». Et puis, c’est l’incident, irrité, excédé, Chirac attrape le responsable de la sécurité par le veston et lui assène dans un anglais approximatif: « It is a provocation !You want me to go back to my plane? That’s what you want? ».

C’était l’autre soir dans l’émission « Un jour, une heure » sur France 2. En gros, ce qui pourrait apparaître comme un jeu politique classique entre un gouvernement israélien aux aguets - qui craint le geste, la parole, l’image d’un président français soupçonné d’être trop pro-Palestinien et un Chirac venu pour montrer que la France a toujours son mot à dire en Terre Moyen-orientale. Une tentative de faire un coup, d'un côté, une tentative de sabotage, de l'autre. Mais à y regarder de plus près, l’équation apparaît beaucoup plus simple. Les Israéliens on probablement tout bêtement faire leur job: protéger le président français. Comme ils font d’habitude quand ils s’aventurent en « territoire hostile », la peur au ventre, près à affronter le pire, l‘attentat, le tireur isolé. La peur, l’angoisse, élevé comme principe de survie, comme philosophie du quotidien.

L’autre soir , j’ai dans la foulée revu un bout de « Bowling for Columbine », de Michael Moore, rediffusé suite au massacre de qui on sait aux States. Parti en excursion de l’autre côté de la frontière, au Canada, on voyait un Moore interviewant un flic local sur le peu de tentatives de meurtres à mettre au compteur de la terreur municipale. Le type avait du mal à se rappeler quand il y avait eu une véritable fusillade, « un mort oui, l’an dernier je crois… ». Les statistiques étaient assez parlantes sur le nombre d’incidents avec armes à feu au Canada, comparé aux USA. Malgré le fait qu’il y avait autant d’armes en circulation au Canada, que les Canadiens adorent la chasse, etc. Encore plus dingue: personne ne fermait sa porte à clé là-bas la nuit… Incompréhensible pour un Ricain de base. Et même, pour nous, Européens, non?

A vrai dire, j’avais complètement oublié où le réalisateur poil-à-gratter avait voulu en venir. Et pourtant, j’avais déjà vu son film. En réalité, il démontrait par l’absurde que ce qui chevillait au corps un Américain de base, c’était… la peur. La peur de l’autre.

Bon où je veux en venir, moi? Ben dimanche on vote en France. A quoi ça sert un président de la République? Bof, bof… Parfois à remettre les pendules à l’heure tout simplement. A calmer le jeu, à permettre le dialogue quand il est depuis trop longtemps terrassé dans une gangue de méfiance, de haine et de peur… Comme ce jour là à Jérusalem. Alors, je croise les doigts… pour qu’un Sarko aux discours simplificateurs, aux tentations simplistes, aux convictions empruntes de la méfiance de « l’autre », des autres, ne l’emporte pas.

 à (re-)voir : http://www.youtube.com/watch?v=vsBV9DmakPg

 

Publié dans vu-à-la-télé'land

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S
Juste une requête : cessons de l'appeler "Sarko". Les surnoms, les diminutifs, le rendent sympathique. Pas mal de ses sympathisants l'appellent d'ailleurs ainsi. Ne jouons pas ce jeu-là. Et banissons aussi les raccourcis tel "le petit Nicolas". Il ne mérite pas cette référence culturelle.Enfin, pour reprendre et détourner les termes de Bernard, dans le cas de NS, la peur qu'il nous inspire, elle "nait d'un danger avéré et non supposé". Donc, mobilisons-nous, et prouvons que rien n'était joué dès le soir du 1er tour (n'en déplaise aux médias conquis qui l'ont suivi comme s'il était déjà élu... n'en déplaise au principal intéressé qui fit déjà un discours de mec élu...)
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A
 La "bataille présidentielle" tourne à présent au combat technique. Même Arlette Laguiller en appelle à voter Royal et dieu sait que ça doit lui faire mal au cul... Peu importe les arguments, peu importe les programmes, peu importe les idées mainteant : l'important est d'empêcher le fou du labo 4, le candidat Sarko..zy de passer. Triste mais pragmatique.
T
Incompréhensible pour nous européens, c'est sûr :-)
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A
yo!
B
La peur naît du danger avéré et non supposé ! me semble-t-il.
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A
salut Bernard, la peur naît de la non connaissance, souvent. Je n,'aime pas ta réponse, mais j'aime bien ton "me semble-t-il", quand même...