Funeral - Arcade fire

Publié le par alf

Premier disque, première écoute. Et une impression évidente: celle d’avoir découvert une pépite. De ces rares galettes - le Grace de Buckley, le Big city secrets de Joseph Arthur, le OK Computer de Radiohead… - qui vous imprègnent d’emblée. L’empathie immédiate. Le partage de la douleur et de la douceur.

Car il est ici question de décès (ceux de parents proches, pour le chanteur et sa compagne), de séparation, de départ… mais aussi de résilience. Funeral… Le titre annonçait la couleur. On y célèbre les morts, et pourtant rien de macabre ou de morbide. On est à mille lieues de Black Sabbath ou de Marilyn Manson.

Une musique organique, un souffle, une épaisseur d’âme peu commune, une exaltation assumée, un lyrisme vibrant et non feint. Rien de révolutionnaire non plus, ni dans les instruments, ni dans l’architecture mélodique. Et des influences reconnaissables, ou plutôt, une parentée avec quelques-uns: Sixteen horsepower, Nick Cave, Eels, Muse, Mad Dog Loose, dEUS… Mais aussi Calexico, le Talk Talk de Colour of Spring, le Pinguin Café Orchestra (pour le côté répétitif et le tempo qui s’envole), Daniel Lanois (pour les instruments inattendus, accordéon en tête) et U2 (pour les guitares). On pourrait encore citer Coldplay ou Keane pour le piano… En mieux.

Premier morceau: on entre dans une église. Elle est au bord d’une falaise. Les portes sont grandes ouvertes; des portes d’où s’échappe l’écho d’un vieux piano désaccordé; un piano qui ferait couler les notes comme des gouttes de pluie, des larmes salées échappées du clocher percé. La voix déchirante de Wim Butler, l’écho des guitares et les cordes qui s’accordent. Puis cette sensation d’être entraîné dans une course effrénée, aux rythmes saccadés et imprévisibles. Une course qui ne vous lâche plus et qui vous pousse, essoufflé, 48 minutes plus tard, jusqu’à la piste 10.

Viendront s’ajouter les voix d’enfants, des violons, des sons de cloche, de crécelles, de guitares saturées et stridentes, une batterie pulsionnelle, la musique du vent sous les portes une nuit de pleine lune... On finit par une valse. Les mariés sont en noir; ils tournent à n’en plus finir en s’agrippant à la complainte syncopée d’un violon, jusqu‘à s‘évanouir, pour oublier. L’accordéon prend le relais, la douceur aussi. Le soleil pointe ses rayons, la vie reprend.

Fin d’une longue errance nocturne. Réveil au petit matin. Sensation d’avoir été comme des enfants qui ont traversé un cimetière et qui ont côtoyé des fantômes sans en avoir eu peur. Avec à jamais dans les yeux, l’étincelle de feux follets.

Publié dans music'land

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A
Recoucou Alf,<br /> Victoire, les tackbacks sont bien ajoutés !<br /> @ bientôt
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A
Super! Je vais m'entraîner pr la prochaine fois :-)-<br /> à bientôt et merci !
A
Très jolie chronique, très poétique !  Je v tenter une manoeuvre poétique : réaliser un échanger de trackbacks entre nos 2 textes !
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C
Pendant que j'y suis, est-ce que ça te dirait un échange de liens ?Dis-moi.bye
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A
Bien sûr, d'ailleurs c'est fait !<br /> à +
C
Je vois qu'on a eu le même sentiment, et les mêmes images en tête au sujet de "Funeral" !<br /> J'échange nos trackbacks entre nos deux articles...
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A
Thanks!