Le coup du Saxo
C’était sur France 3 l’autre soir, dans « Ce soir ou jamais ». Ce soir, ce soir comme tous les soirs… depuis peu, Frédéric Taddeï anime un genre de talk-show quotidien en deuxième partie de soirée.
C’est au tour de Jacky Berroyer d’enchaîner sur les propos de quelques rappeurs venus tenter de recentrer le débat sur les cités. Ca sent la nervosité, même lorsque ceux-ci discutent avec un sociologue a priori de leur côté, eux les damnés de la téci. Est-ce du au décors? A l’ambiance artificielle, jazzy, intello-bourre moi l'mou, parisianiste?
Berroyer explique que, quand il était jeune dans son quartier, on essayait aussi d’influencer les « carrières » des jeunes prolos. Comme le font encore aujourd‘hui, les élites et les pouvoirs publics, pour "ceux des banlieues" qui auraient la tête à faire certains genres de boulot et rien d‘autre…
Mais déjà, à Berroyer, on fait « le coup du Saxo »... Non pas celui de Vanessa, le gros Saxo jaune, même si visiblement il y a embouteillage sur le plateau. Car si saxo il y a - en direct et joué par un vrai musicien - c’est pour dire gentiment à l'invité : « finis ta phrase man, on passe à autre chose car on doit respecter le timing ». Ou, plus vicieux: « Les spectateurs sont en train de zapper lààà, faut rebooster, lançons Katerine! ». Mais ce serait faire un procès d’intention, pas mon genre.
Katerine donc. Qui a un peu de mal à enchaîner. Et qui nous fait le coup du Murat chez Ruquier il y a deux semaines: « comment enchaîner fissa, pour vendre ma camelote, après ce qu’on vient de dire sur les sans papiers? ». A part que là, Katerine s’en prend au Saxo : « Non, pas ça dit-il à Taddeï, pas le coup du Saxo qui dit stop, qui tombe comme une censure feutrée, douce, cosy ». Comme pour donner un dernier écho au propos de Berroyer, interrompu par quelques notes jazzy, et s'excuser de devoir poursuivre pour sa gouverne, dans un autre registre... « Ne fait pas de télé si tu ne supportes pas ce saucissonnage coco », dirait sans doute le clown triste (et pénible) Zemmour. Mais on n’est pas chez Ruquier, on est chez Taddeï.
Celui-ci tente alors une feinte pour amener Katerine sur un autre terrain, en lui parlant de son clip où il fait danser les habitants d’un petit bled de province. « Diriez-vous comme Céline, qu’il faut réhabiliter la danse au sein des classes populaires? ». Et là, ça tombe aussi plat qu’un nichon birkinien dans un film de Russ Meyer…
Ce n’est pas fini. Lorsqu’il s’agit d’en finir avec Katerine (noooon, pas le coup du Saxo pleaaaase!), apparaît Aldo Naouri, un pédiatre venu parler de l’adultère. Taddeï fait envoyer un bout de film tourné par Katerine où il suit sa femme pour voir si elle le trompe. Et demande à son nouvel invité ce qu’il en pense : « Je n’ai absolument rien à dire sur ce film, ni en bien ni en mal… ». Etc., le reste étant à l’avenant.
Pas facile le boulot d’animateur télé, surtout quand on tâte du direct tous les soirs du lundi au jeudi. C’est dans ces moments-là qu’un petit coup de Saxo impromptu peut venir détendre l’atmosphère…